Extrait du récit « LIBERTAD - HISTOIRE D’UNE STATUE » Le soir du 1er Juin.
La chambre me semble vide et l’appel de mon lit défait depuis la veille, ne se fait pas.
Je me couche pourtant, et dans les draps qui se souviennent encore de l’insomnie de ma dernière nuit, je transperce le cosmos.
« Meurs, vieux lâche, ...il est trop tard ! » Baudelaire passe par là avec son horloge.
« Souviens-toi… Souviens-toi » me dit-il : « Remember ! Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or ! »
Je cherche des ombres dans ma tanière, au dessus de mon lit,
qui m’aideraient à retrouver des souvenirs.
Besoin de les rassembler tous, pour les ranger et les mettre dans l’ordre, mais l’ordre n’est pas de mise. Mélange de sang, de sel et de soufre.
Plus, la conscience est éloignée de sa source, plus les ombres qui occupent mon esprit, sont incohérentes et chaotiques.
Puis, mon soleil devient noir, fini les ombres !
Une conscience qui s’éveille, et soudain un orchestre s’avance.
Je distingue le son d’un violon dont l’archet insiste sur le mi,
vibrant et grinçant avec pertinence.
Le sistre d’Isis marque lui aussi sa présence, elle appelle ses adeptes,
mêlant son cling… cling insolent au rythme de l’horloge de Charles B.
et comme il se doit, une chanteuse au timbre flûté, fredonne une chansonnette pour attirer irrésistiblement les marins naufragés.
La voix de Clara qui résonne et qui résonne encore, sans cesse,
l’orchestre s’en est allé, ma déesse chante seule, a cappella…
Je ne peux pas comprendre les paroles en mi, fa, sol, elle chante en Espagnol
mais je suis envoutée.
SM.